dimanche 16 janvier 2011

Fabrice Robert, président du Bloc identitaire : « Etre populiste, c’est défendre son peuple »

Riposte laïque : Tu es président d’un mouvement, devenu un parti,
 que la presse classe généralement à l’extrême droite. Comment réagis-tu à cette caractérisation, et comment vous situez-vous par rapport au Front national ?
 
Fabrice Robert :
La presse a toujours besoin de placer les partis politiques dans de petites cases bien rangées.
Certains journalistes nous qualifient d’extrême droite,
un politologue comme Jean-Yves Camus positionne plutôt les Identitaires entre l’UMP et le FN.
Je répondrais que nous sommes tout simplement identitaires.
 
Or, être identitaire ne renvoie pas à un dogme – avec sa vérité unique – ni à une idéologie – avec ses constructions intellectuelles éloignées de la réalité. Etre identitaire, cela renvoie à un principe se fondant sur le réel, sur du charnel ; cela renvoie à ce qu’on est tout simplement.
  
Alors, l’identité est-elle un concept de droite ou de gauche ? J’ai plutôt tendance à concevoir l’identité comme un thème qui dépasse les clivages politiciens. Aujourd’hui, des milliers de Français – même s’ils votent NPA ou UMP – participent à la défense de notre identité (défense de langue régionale, d’un patrimoine local, etc.).
 
Tout notre travail aujourd’hui est de mettre en relation, en harmonie, notre mouvement identitaire et tous ceux qui pratiquent l’identité sans pour autant en avoir saisi les implications politiques et historiques. Pour exemple, nous accueillons régulièrement dans nos rangs des militants issus des Verts qui reprochent à leur ancien mouvement de fermer les yeux face à l’islamisation de notre sol.
Ils retrouvent chez nous la dimension écologique associée à la défense de notre identité charnelle. Mais ce type de ralliements concerne aussi d’autres formations politiques (Modem, MPF, etc.).
 
A chaque fois, c’est le marqueur identitaire – absent ou pas assez prononcé dans leur formation d’origine – qui amène ces personnes à franchir le pas.
Identitaires, nous voulons également nous inscrire dans le vaste courant populiste qui se développe partout en Europe.
 
Car être populiste, c’est défendre son peuple. Et défendre son peuple, c’est défendre son identité.
Face à la trahison des élites et alors que l’Etat ne parvient plus à assurer la sécurité de ses citoyens, il nous semble urgent de mettre en place des initiatives destinées à protéger notre peuple et faire entendre sa voix.
 
Vous me demandez comment les Identitaires se situent par rapport au Front national.
Pourquoi nous demander de nous définir par rapport à d’autres, et pourquoi toujours par rapport au FN, qui n’est tout de même pas le centre de la vie politique française ?
Je préférerais que vous me demandiez ce qui nous distingue fondamentalement de l’UMP ou du Parti socialiste. 
 
Mais puisque vous me posez la question, je vais y répondre.
Nous nous distinguons, tout d’abord, de ce parti par les méthodes. Le Front national se concentre uniquement sur le terrain électoral. Or, nous considérons que le pouvoir ne se prend pas uniquement par les urnes et que l’engagement électoral doit rester un moyen supplémentaire au service de nos idées et pas une fin en soi.
 
Nous sommes dans une logique gramsciste.
Ainsi, nous pensons que pour prendre le pouvoir, encore faut-il avant réussir la conquête des esprits.
Le combat doit être total et emprunter donc divers modes d’actions :
opérations d’agit-prop, développement du réseau associatif, création de médias alternatifs, maîtrise du réseau Internet, etc.
 
Face au modèle rigide et centralisé du parti classique, nous pensons aussi que l’avenir est au travail en réseau, à la mise en synergie des compétences et des initiatives.
 
Nous nous distinguons également du Front national par les idées.
Le Front national tient un discours hostile à l’Europe et aux patries charnelles que sont les régions alors que nous pensons qu’il faut défendre la triple appartenance région/nation/Europe qui – précision importante – ne doit pas être perçue comme une menace pour l’intégrité de la France, bien au contraire.
 
Alors que le Front national ne défend que l’identité nationale, nous pensons qu’il est nécessaire de promouvoir à la fois les identités charnelle (locale), historique (française) et civilisationnelle (européenne). Pour le Front national, ces identités sont antagonistes.
Pour nous, elles sont complémentaires.
D’autre part, le Front national associe la question de l’identité et celle de l’acceptation des « valeurs républicaines ».
Il suffirait donc à n’importe quel étranger d’accepter ces valeurs pour devenir un Français à part entière ? Comment entretenir un lien d’appartenance et d’identification avec une idée offerte à l’humanité entière ?
 
Cette conception artificielle évacue toute dimension charnelle et historique. Et je pense qu’il faut aujourd’hui prendre clairement acte de l’échec de l’assimilation. Comme l’écrivait le général de Gaulle : « On peut intégrer des individus ; et encore, dans une certaine mesure seulement. On n’intègre pas des peuples, avec leur passé, leurs traditions, leurs souvenirs communs de batailles gagnées ou perdues, leurs héros.
 
Pour construire et se projeter dans l’avenir, un peuple doit vouloir partager un destin commun. Est-ce vraiment possible avec ceux qui représentent la France Halal et la France Racaille ?
Que faut-il faire aujourd’hui ? Tenter de leur enseigner par la force les valeurs républicaines et l’amour de la France ? Cela me semble bien compromis aujourd’hui…

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